Relier sa vie de rêve au présent

Au détour d’une vidéo YouTube, j’ai entendu une énième fois le conseil d’écrire les caractéristiques de la vie qu’on aimerait idéalement mener et de s’en servir comme moteur de motivation.

J’ai alors remarqué que, bien que j’avais des idées assez précises de ce que je voulais et ne voulais pas, je n’avais jamais fait l’exercice dans le détail.

Et il s’avère que l’effet n’est pas du tout pareil que d’y accorder quelques pensées pour fantasmer un peu.

Le Youtuber donnait les judicieux conseils de ne pas restreindre ses ambitions, assumer l’entièreté de son ego (personne ne saura) et voir ensuite. Il rappelait aussi de ne pas se forcer à inclure des choses qui ne nous font pas rêver.

Si on fait des arts graphiques et qu’on voit beaucoup de collègues vendre des prints mais qu’on n’a pas envie, ne pas l’inclure.

On réfléchira plus tard comment être rentable.

Si on fait de la musique ou des arts performatifs mais ne s’imagine pas être en concert et en tournée toute l’année, on ne va pas inclure des concerts réguliers dans notre vision de rêve.

J’ai donc tenté

J’ai écrit que je me lève tôt et tranquillement et que j’ai le temps d’aller marcher puis manger puis écrire, etc. puis le détail de l’après-midi, de la soirée.

Que le samedi et dimanche c’est repos et à quoi ça ressemble pour moi.

Quel type d’art je vends, à quelle fréquence et à quel prix. On veut du concret. Par exemple:

Je sors environ un projet musical/visuel par an avec la sortie et promotion étalée sur plusieurs mois.

Mes projets touchent le public qui me correspond et l’aide à vivre mieux en tant que personne queer/handicapée/différente.

Les lancements/pré-ventes des albums sont des succès avec des paniers moyens de 30€ comprenant des bonus et goodies innovants.

Hâte d’y être.

Cependant, au contraire de ce Youtuber pour qui ce moodboard écrit suffisait, il n’était pas assez concret pour moi, ressemblant à ces bulles flottant dans le futur mais sans aucun lien avec nous que j’avais théorisé dans un ancien article.

J’ai donc ajouté un titre:

Dans 10 ans ou moins

à cet écrit de vie parfaite. Puis je l’ai relu. Elle implique par exemple une équipe créative et d’autres corps de métier que j’emploie ou avec qui je collabore.

On est d’accord que, l’équipe de 10 personnes, ce n’est pas tout de suite dans une carrière. Question de moyens, de connaissances, tout ça.

Pareil, mon café-théâtre-brocante, je ne vais pas pouvoir l’ouvrir tout de suite. Et mes toiles ne vont (peut-être) pas se vendre pour 5’000€ et + au début.

Donc, en préambule à cette version de rêve, j’ai dupliqué le texte pour le retravailler sous le titre:

Dans 3 ans ou moins.

C’est une version chouette mais raisonnable, dirons-nous. Des montants moins élevés, moins de collaborateurs, des lieux différents, des sorties de projets moins fréquentes… Peut-être tout de même le moment où je commencerai à vivre de l’art.

Mais comment on atteint ça ? C’est encore un peu lointain. Pourquoi pas un titre:

Dans 1 an ou moins ?

Et c’est là que ça devient inconfortable, bizarre, trop réel mais difficile à conceptualiser.

On duplique encore le texte et fait une version très raisonnable, tout en prenant conscience que c’est donc quelque chose qu’on aimerait atteindre dans 12 ou 13 mois. Ces mois bien réels qui, pour ma part, sont déjà tous inclus dans un contrat de travail que je viens de signer.

Alors ? On garde le réveil tranquille a priori mais ensuite, même si ce n’est pas mon désir idéal, il y a une ligne « aller au travail ». La soirée peut cependant ressembler à mes projets de rêve.

Si, dans 10 ans, je veux m’entraîner avec ma coach sportive en fin d’après-midi ou répéter mes performances avec ma chorégraphe et des danseureuses.

Que, dans 3 ans, je veux avoir rendez-vous avec une coach sportive une ou deux fois par semaine.

Dans 1 an, je veux avoir une routine sportive quasi quotidienne et être en état de réaliser les performances que j’imagine.

Wait ! Ça veut dire que je dois faire du sport ?

Ça va un peu avec la prise de conscience que les objectifs sont souvent des faits accomplis mais qu’ils impliquent des actions concrètes qu’on met moins en avant dans notre esprit. Ou alors c’est juste moi ?

Toujours est-il que ces trois versions de texte m’ont mené à deux autres étapes.

1. Synthèse en liste d’objectifs

Pour cette vie dans 1 an passible de devenir de rêve dans 10 ans, qu’est-ce qui semble prévu ? Qu’est-ce que j’ai déjà accompli ? Qu’est-ce que je dois faire ? 😬

Cette étape est a été plutôt facile.

J’ai terminé un roman et suis en pourparlers pour sa publication.

devient

  • Avoir terminé un roman
  • Être en pourparlers pour sa publication

Avoir vendu ça et ça, avoir performé en public quelques fois…

2. Actions 2025-26 pour réaliser le Quotidien « Dans 1 an ou moins »

J’ai déterminé ce que je dois/veux faire. Maintenant comment ?

Purée, si dans toutes mes versions mais surtout celle dans 1 an, je veux me lever tôt et écrire un peu avant le travail, va falloir commencer à se lever tôt à un moment. Merde.

Si je veux avoir un roman fini et assez de matière pour un projet musical, il va falloir écrire presque tous les jours. Pour de vrai.

Ça y est, ça commence à ressembler à du travail et à des contraintes. Screugneugneu, pourquoi j’ai mis ça dans mes plans alors ? Mais parce que je veux vraiment le faire (oui, je me parle à moi-même). On revient à « qui a dit qu’il faut ? » et, pour le coup, je vais devoir apprendre à reconnaître ma propre autorité car c’est totalement mon choix. Et si je ne veux pas, c’est ok mais il faut que je me fasse à l’idée que, en conséquence, ma vision dans 3 et 10 ans a peu de chance de se concrétiser.

Du coup j’ai identifié 3 types d’actions.

a. Actions quotidiennes

  • Me lever tôt
  • Écrire/composer le matin
  • Entraînement corporel/ cours de danse/ répétition performance
  • Me coucher tôt
  • Dessiner ou peindre quand ça me fait du bien

b. Actions « courtes »

  • Créer des performances
  • Créer du contenu
  • Publier sur mes réseaux
  • Mettre des oeuvres en vente (mine de rien ça aide à en vendre)
  • Se renseigner sur les services de tel corps de métier

c. Actions longues

  • Envoyer x, y ou z en maison d’édition
  • Chercher des lieux où performer
  • Il n’y a pas beaucoup d’actions longues en fait

et elles sont décomposables en actions courtes donc c’est plutôt rassurant.

Bon bah maintenant il faut faire.

Oups, non. Je VEUX faire.

J’essaie de m’en convaincre. La dépression est encore là mais j’essaie d’avancer. Les deux jours durant lesquels j’ai fait cette exercice ont été pas mal remplis d’espoir. Je veux donc relire ces textes et objectifs souvent.

J’ai l’impression que mon état d’esprit a vraiment changé. Genre, c’est vraiment possible et ça dépend de mes actions !

Je pense maintenant que, cette attitude de s’imaginer ce que nos objectifs nous apporteront et de nous en servir comme tremplin de motivation pour s’y mettre, est exactement la méthode enseignée dans une mini-formation gratuite de Margot R-W que j’avais suivie. Ça m’avait rassuré et motivé un jour puis je ne m’en suis jamais resservi.

Preuve qu’il y a réellement une équation entre les informations et l’état dans lequel on est pour les recevoir qui détermine l’efficacité des dites informations. Ces deux facteurs ne sont pas toujours alignés et, dans l’exemple de la dépression, il est très facile de passer à côté d’améliorations ou d’aides, parce qu’on est pas en état/pas prêt·e pour les comprendre/accepter/implémenter. Et c’est probablement très inconscient. Les fameux « il suffit de ». Pour quelqu’un qui y arrive déjà, c’est facile puisque c’est évident.

Ce n’est pas un manque de volonté, ça ne s’est juste pas imbriqué dans notre cerveau. Ça me fait bizarre de le constater de cette manière. Ça pose la question de « comment se mettre en état d’implémenter l’information qui va se présenter alors qu’on ne sait même pas quand et quelle elle est ? »

Au prochain détour

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