Pizza et la fille là

À croire que toutes les fois où je me fais mégenrer sont liées à la pizza… Mais non, je vous rassure, c’est juste que là je pense à raconter.

Pour changer un peu, aujourd’hui nous avons marché, mon frère et moi, jusqu’au village d’à côté pour manger des pizzas à midi. Pas trop de souci, je demande une 4 saisons sans jambon et sans mozzarella et tout va bien. Le cuistot fait un peu une drôle de tête, mais pas trop longtemps et ça ne pose pas de problème.

J’ai donc un bon repas végétalien et nous mangeons joyeusement.

Au moment de payer, il veut me faire une réduction pour les ingrédients enlevés, ce qui est cool, entendons-nous bien. Il va donc voir son patron pour savoir de combien il peut baisser. Ils sont suffisamment proches pour que nous puissions entendre et la phrase commence par:

– J’ai fait une pizza pour la fille là…

Je n’ai pas protesté quand il est revenu, car je ne sais toujours pas comment aborder les choses et nous sommes partis.

Et il faisait très chaud sur le chemin du retour…

Bref

Chaque fois que je me trouve face à ce genre de situation, je me pose des questions car, oui, les choses ne sont pas si simples. Mon genre a été présumé sans me demander ce qu’il en était. Dois-je l’accepter sous prétexte que le schéma binaire est encore très ancré et que « tout le monde ne peut pas savoir » ? Si personne ne leur dit, ils ne seront jamais au courant, puisque, n’y étant pas confrontés, ils ne vont pas soudain s’intéresser et se renseigner sur l’éléphant rose (quelque chose qu’ils n’ont jamais vu, jamais soupçonné (la métaphore n’est peut-être pas excellente)).

Sauf que je ne sais pas comment exposer très simplement la chose à des gens que je ne connais pas/peu pour que ce soit efficace. Et c’est rarement efficace, au mieux on me comprend pas, au pire on me prend pour un ovni et ça dégénère =(

D’un autre côté, je ne suis pas out et je ne renvoie pas encore exactement l’image que je voudrais (oui, je leur cherche des excuses). Et moi aussi je présume quand je dis le cuistot et le patron, c’est vrai. J’essaie de le faire le moins possible, mais que la cisnormativité est ancrée ! Surtout que nous n’avons pas/pas encore de langage pour pallier ce problème.

Je suis bien conscient.e que je ne devrais pas me vexer, juste constater et faire ce que je peux quand c’est possible d’expliquer. Pour cela je déconstruis les clichés cis dès que je peux, mais j’ai l’impression que les gens à qui j’en parle pensent juste que je fais de l’excès de zèle, disent « ouais ouais » et passent à autre chose. Et la prochaine fois, ils remettent ça. Pour ces cas-là, je me dis que si j’étais out, ils comprendraient mieux la portée que ça a et que certaines personnes sont oppressées par cela, mais c’est difficile.

Ce soir, je pensais aller pour la première fois au local LGBT(+) de ma région, mais du coup comme je re-constate que les gens sont pas du tout au courant des identités de genre non-binaires, je ne suis plus très en confiance. C’est sensé être un local d’accueil et de soutien qui organise des événements, mais j’ai peur qu’ils ne soient pas du tout informés sur les questions trans NB. J’habite en cambrousse, c’est une petite région, on est bien loin du MAG de Paris (qui a l’air trop cool). Leur site ne parle que des questions homo et à peine d’identité de genre, ce qui est déjà très bien, bien sûr ! Mais j’ai peur que ça suive la logique « les autres minorités sont vraiment très rares et pas par chez nous donc pas trop la peine d’en parler » =X

Je vais prendre mon courage à deux mains et quand même y aller. Je verrai bien et je ne risque rien, c’est au moins un milieu safe =)

Keur keur <3


(8 visites avant le déménagement vers le nouveau nom de domaine)

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